La chapelle Notre-Dame des Grâces à Saint-Jean-de-Belleville
Un sanctuaire baroque témoin de la piété alpine en Tarentaise
Un édifice dominant la vallée
Située à mi-chemin entre les hameaux de Villarly et Saint-Jean-de-Belleville, sur un éperon naturel qui surplombe la vallée, la chapelle Notre-Dame des Grâces attire l’attention tant par son implantation que par son architecture remarquable. Construite en 1740-1741, elle se distingue par un plan centré en forme de croix grecque, une coupole surmontée d’un lanternon et un clocheton d’entrée, éléments caractéristiques du baroque savoyard rural du XVIIIe siècle.
Des origines plus anciennes
L’histoire du sanctuaire remonte au début du XVIIe siècle. À cette époque, un oratoire dédié à la Vierge, sous le vocable de Notre-Dame-du-Roux, était implanté en contrebas, à proximité du chemin reliant les deux ruisseaux du Golet et du Nant Noir.
En 1628, le prêtre Pierre-Gaspard Aspord fit ériger une première chapelle à la place de l’oratoire. Toutefois, le site choisi présentait une instabilité du terrain, menaçant la pérennité de l’édifice.
En 1661, une décision fut prise : reconstruire la chapelle à son emplacement actuel, sur un terrain plus stable. Ce nouvel édifice connut une fréquentation croissante, et au fil des décennies, il devint trop exigu pour accueillir les fidèles.
Le projet de reconstruction au XVIIIe siècle
C’est sous le ministère du curé Jean-François Dérex, en poste à Saint-Jean-de-Belleville de 1723 à 1765, qu’un projet d’agrandissement fut concrétisé. Les travaux furent menés à bien en 1740-1741, donnant naissance à l’actuelle chapelle Notre-Dame des Grâces. Elle répondait alors à la fois à une volonté d’honorer la Vierge et aux besoins spirituels d’une communauté fidèle et active.

Une chapelle respectée et préservée
L’édifice traversa les siècles sans subir de dommages majeurs. En 1816, le décor extérieur fut confié à un peintre italien. À cette occasion, la façade fut ornée de fresques représentant les vertus théologales (foi, espérance, charité) et cardinales (prudence, justice, force, tempérance), ainsi que de Saint François de Sales, évêque de Genève et figure tutélaire du catholicisme savoyard.
Jusqu’à la réfection de ces peintures, on pouvait lire au-dessus de l’entrée la mention :
« PASSANT DIS TROIS AVE MARIA »
Cette injonction, gravée dans la mémoire collective, était scrupuleusement respectée par les habitants du village lorsqu’ils passaient devant l’édifice. Elle témoigne d’une piété populaire vivace et d’un profond ancrage religieux dans la vie quotidienne.
Intérieur baroque et mobilier liturgique
À l’intérieur, plusieurs éléments méritent une attention particulière :
- Trois retables, dont les décors sont d’époque ;
- Un autel recouvert de cuir de Cordoue, matériau précieux imitant le cuir repoussé et doré, utilisé dans l’art religieux baroque ;
- Une coupole et un lanternon apportant de la lumière à l’espace centré ;
- Une grande croix en bois, dressée à l’extérieur, qui souligne le caractère sacré du site.
Sources et références
- Archives communales et paroissiales de Saint-Jean-de-Belleville
- Blog “Une belle journée ici ou là”, mars 2020
- Site officiel de la commune Les Belleville
Crédit photo
- Image de couverture : Notre-Dame-des-Grâces – Photo personnelle modifiée par IA – © Cédric Jay
- Emplacement de Notre-Dame-des-Grâces – Plan cadastrale 1886 – AD 73 : 3P 7369, section I, feuille 1
- Facade de Notre-Dame-des-Grâces – Photo personnelle – © Cédric Jay