Villarenger – La chapelle Saint-Barthélemy

En surplomb du torrent, au cœur du hameau de Villarenger, la chapelle Saint-Barthélemy et Sainte-Brigitte se dresse discrètement, fidèle au paysage de cette vallée alpine marquée par les siècles. Derrière ses murs simples, elle conserve un patrimoine artistique et spirituel unique, reflet d’une histoire locale traversée par les épreuves et l’endurance.

Un village à la merci des éléments

Villarenger, aujourd’hui discret et tranquille, a longtemps été l’un des hameaux les plus densément peuplés de la vallée des Belleville. Son nom témoigne d’un passé ancien : il proviendrait d’un villaret ou villard, désignant une petite exploitation ou un domaine morcelé, associé à un certain Rangerius, sans doute propriétaire du lieu à l’époque mérovingienne. Situé au confluent de deux torrents, le village a longtemps tiré parti de cette position avantageuse pour l’agriculture, tout en restant exposé aux colères de la nature : inondation en 1733, incendie en 1835, et crues fréquentes jalonnent son histoire.

À chaque fois, les habitants relèvent les murs. La chapelle, elle aussi détruite en 1733, est reconstruite et reprend sa place centrale dans le hameau. Plus qu’un simple édifice religieux, elle devient au fil du temps un élément structurant du hameau, à la fois repère, refuge et lieu de célébration.

Une chapelle à double patronage

Sous le vocable de Saint Barthélemy et Sainte Brigitte, la chapelle exprime un équilibre rare entre influences spirituelles. Saint Barthélemy, apôtre du Christ, est représenté dans son martyre, écorché vif, sur le tableau central de l’autel. Cette scène saisissante témoigne d’une dévotion marquée par l’image de la souffrance offerte, typique de la spiritualité alpine d’Ancien Régime.

Sainte Brigitte, mystique médiévale venue du Nord, complète ce duo. Elle incarne une forme de sagesse et de foi intérieure, plus silencieuse mais essentielle. Ensemble, ils protègent le hameau selon la tradition locale.

L’art baroque en Savoie, redécouvert et restauré

L’intérieur de la chapelle recèle un décor baroque sobre, mais expressif. En 2015, une campagne de restauration met au jour des peintures murales du XVIIe siècle, jusque-là masquées par les altérations du temps. C’est tout un pan de l’art religieux savoyard qui réapparaît : figures sacrées, motifs ornementaux, couleurs retrouvées. Le retable, la composition picturale et les éléments architecturaux offrent un exemple représentatif de l’esthétique baroque alpin, façonnée par des artisans souvent venus du Piémont.

La pierre dressée : entre rite ancien et mémoire populaire

Non loin de la chapelle, sur une petite place, se trouve la Pierra Chevetta, pierre dressée à l’histoire mystérieuse. Gravée de cupules et de croix, elle est considérée depuis longtemps comme protectrice.

Ce type de pierre, à la croisée du symbole chrétien et de rites plus anciens, témoigne de la complexité culturelle des villages alpins. Son maintien en place, sa vénération silencieuse, montrent à quel point certains éléments du paysage deviennent aussi des éléments d’identité.

Un patrimoine discret, mais significatif

La chapelle Saint-Barthélemy n’est ni grandiose ni monumentale. Elle est d’une autre nature : celle d’un lieu façonné par le quotidien, par la répétition des saisons, des fêtes, des peines et des prières. Elle dit beaucoup, en silence, de ce que furent ces communautés alpines, organisées autour de leurs repères spirituels, soucieuses de transmettre un cadre autant qu’une mémoire.

📍 À voir lors de la visite :

• Le retable central représentant le martyre de saint Barthélemy
• Les peintures murales du XVIIe siècle redécouvertes en 2015
• La pierre protectrice « Pierra Chevetta »
• Le vieux pont de pierre, le “Pont romain”

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